À la ville ou à la campagne, chronique de la « vie ordinaire »
10 mars 2024 Laisser un commentaire
En Pologne, nous avons deux fraternités : avant d’être élu à la Fraternité Générale, Mirek vivait dans celle qui est située dans un quartier populaire de Varsovie ; Kazek vit dans la deuxième, à la campagne, à une vingtaine de kilomètres de la capitale. Ils nous partagent ici quelques moments de ce qui fait leur vie :
Chers Frères,
Des salutations aussi chaudes que notre été.
J’ai un peu de mal à décrire en français mes impressions, expériences, sentiments que, comme vous le savez bien, j’exprime très spontanément de façon régulière en polonais…
Donc:
1. En juin, nous avons eu notre réunion régionale ; nous avons choisi Wojtek comme responsable (pourquoi changer celui qui est bon ?) et dans le nouveau conseil le plus vieux (moi), et le plus jeune (Filip). Je suis curieux de voir comment ça sera dans le vécu…
2. Travail continu dans la maison et autour de la maison (pelouse, compost) et nos « cultures », dans la serre : tomates, salade, radis, fenouil.
J’aime beaucoup ce travail, mais cela prend beaucoup de temps dans ma vieillesse…
3. Comme chaque année, j’avais mis au programme une sortie en canoé. Il s’agissait cette fois d’un fleuve frontière (Ukraine, Biélorussie) le Bug, avec l’obligation d’informer quotidiennement les postes des gardes-frontières. J’ai navigué environ 270 km. Parcours un peu trop long mais ça en valait la peine ; rivière sauvage, champs intéressants, longtemps seul, rencontres précieuses. Presque une retraite.
4. Vie quotidienne ordinaire mais inhabituelle car il y avait beaucoup d’invités différents, malgré la réalité Covid, également chaque mardi réunion avec adoration et Sainte Messe.
Filip nous a rejoints à Truskaw (notre fraternité dans la banlieue de Varsovie), ce qui a changé la qualité de notre vie à la cuisine (plats variés), à la chapelle (chant) et au quotidien (humour).
J’écris en retard, et donc le circuit cycliste que nous faisons tous les ans dans les régions de Zamość et Roztocze est derrière moi. Cette année, nous étions 5 car Ewa (la femme de notre ami Andrzej) et Filip, notre jeune frère, nous ont rejoints.
Quatre voyages plus longs dans la région et une visite aux Petites Sœurs de Jésus a Machnów Stary et visite de la ville de Zamość sous la pluie : c’était intéressant, assez fatiguant car, malgré la pluie, il faisait très chaud.
Meilleures salutations et à la prochaine.
Avec Dieu.
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Chers frères !
Depuis quelques années, je vis avec Wojtek dans le quartier populaire de la vieille ville de Varsovie, qui, contrairement à la rive gauche de la capitale, n’a pas été détruit par la conflagration de la guerre. De mes 23 années dans la communauté des Petits Frères de Jésus, c’est ici que j’ai vécu le plus longtemps, bien qu’avec des frères différents.
Notre immeuble est resté pratiquement inchangé pendant des décennies, mais, ces dernières années, notre pauvre quartier a commencé à beaucoup changer : quelques nouveaux immeubles ont été construits pour des nouveaux riches, quelques artistes et des “hipsters” ont commencé à apparaître dans le quartier, et même de plus en plus de touristes. Lorsqu’un guide touristique m’a récemment appelé, m’encourageant à rencontrer son groupe, j’ai pensé que c’était une exagération. Notre quartier était autrefois évité et boudé parce qu’il avait mauvaise réputation, mais aujourd’hui, au contraire, il devient de plus en plus attrayant. Et comment les habitants de ce “musée en plein air” du XIXe siècle sont-ils censés se sentir dans une capitale qui se modernise rapidement ? Comme des Indiens d’Amérique du Nord dans une réserve ? C’est peut-être un signe pour changer de lieu… Et de fait, c’est ce qui nous a été communiqué par l’administration du district, il y a presque trois ans, en raison du « désastre de construction » qu’est censé être notre maison de location. Au début du mois de juillet, une véritable catastrophe s’est produite : le bâtiment situé dans la rue parallèle à la nôtre s’est effondré. C’est peut-être la raison pour laquelle, le même jour, on nous a dit de déménager dans un autre appartement de notre quartier, dans des conditions similaires aux nôtres, mais beaucoup plus petit (42m2), ce qui rend difficile la vie de plus de deux frères. C’est dommage pour moi.
Je vais peut-être écrire un peu sur mon boulot. Je travaille dans une école primaire depuis plus de huit ans, comme homme à tout faire. L’année dernière, avec la pandémie, notre école a connu des grands changements. Tout d’abord, en raison de la grande réforme de l’éducation en Pologne, qui a supprimé le niveau intermédiaire dans l’éducation, l’école intermédiaire de 3 ans, et n’a laissé que les écoles primaires, maintenant prolongées de 2 ans, et les écoles secondaires, prolongées d’un an. De plus, l’année dernière, nous avons procédé à une énorme rénovation de l’ancien bâtiment, en quittant un autre et en déménageant dans un nouveau bâtiment également entièrement rénové. Je travaille donc maintenant dans une école située dans deux bâtiments différents, non loin l’un de l’autre. Malgré ces rénovations, elle présente divers défauts et travaux inachevés. De plus, les enfants qui ont fréquenté l’école pour une courte période cette année ont déjà réussi à faire beaucoup de dégâts grâce à leur énergie inépuisable. Comme homme d’entretien, je ne manque donc pas de travail, mais j’en suis généralement reconnaissant.
Fin mai, j’ai ressenti la grande joie de pouvoir rencontrer des personnes vivantes, des enfants perdus de vue depuis longtemps, des membres du personnel de l’école, des parents… qui ont insufflé la vie dans les murs morts de l’école. Les enseignants avaient accumulé tellement d’énergie pendant la pandémie qu’à leur retour, ils ont décidé de mettre en œuvre probablement tous les projets et idées pédagogiques en suspens. Alors qu’habituellement à partir de la mi-juin, il ne se passe pas grand-chose dans une école normale, cette année, dans notre école, l’activité pédagogique a augmenté chaque jour et a atteint son apogée la dernière semaine de juin. De ce fait, on avait besoin de mon aide dans différents domaines, notamment en tant que porteur et monteur de diverses installations de fortune. Je dois admettre que j’étais au bord de l’épuisement, et peut-être même au-delà. Je suis donc très heureux des trois semaines de vacances qui m’attendent.
Je vous salue chaleureusement. Restez avec Dieu